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de choquant, et il n’a le droit de se plaindre ni de vous ni de moi ; et si vous lui faisiez dire quelque chose d’obligeant pour le retenir, ce seroit avouer qu’il a deviné juste ; cette espèce de réparation, ridicule pour vous, impertinente pour lui, seroit pire que l’offense. Laissons-le donc partir sans avoir l’air de nous douter de la raison qui le décide ; vous nous restez, voilà l’essentiel. Cette réponse, en dissipant totalement les soupçons vagues de madame de Nelfort, augmenta l’espèce de repentir qu’elle éprouvoit. J’espère, dit elle, que votre sœur le retiendra. — Oh ! son parti est pris, et bien pris, soyez-en sûre. — Je voudrois, pour toute chose au monde, n’avoir rien dit… Comme madame de Nelfort prononça ces paroles, on entendit claquer des fouets, et des chevaux de poste entrer dans la cour… Madame de Nelfort se leva avec agitation : « Mon Dieu ! s’écria-t-elle, croyez-vous que ces chevaux soient pour lui ?… ». En disant ces mots, elle sonna, et faisant la même question au domestique qui entra, on lui répondit que c’étoit