Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LE MALENCONTREUX.

soutenir, d’une main, sa femme éperdue, et de l’autre, tenir une bougie allumée, afin d’éclairer cette scène… M. Blaker ne sentit dans cet instant qu’une rage inexprimable contre moi ; sa fureur lui fit oublier le français qu’il ne parloit pas, à la vérité, très-couramment ; il m’apostropha en allemand : je ne compris point ce qu’il disoit, mais je pouvois juger de l’énergie de ses reproches par le son de sa voix et par l’expression de son regard. Je n’imaginai rien de mieux, pour me tirer de ce mauvais pas, que d’éteindre la lampe de veille qui brûloit sur la table de nuit, ainsi que la bougie que je tenois. Nous nous trouvâmes tout-à-coup dans une obscurité profonde. Je lâchai le bras de madame Blaker, et regagnant la porte à tâtons, je m’esquivai, et j’entrai dans le corridor. J’étois si troublé, qu’il me fut impossible de retrouver le petit escalier ; je traversai tout ce long corridor au bout duquel étoit le grand escalier que je descendis ; j’entrois dans un vaste vestibule, quand j’entendis marcher à côté de moi : Qui va là ! m’écriai-je.