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toit une bonne occasion de donner des fêtes, chose qui charmoit toujours le président ; il fit part de cette nouvelle au chevalier de Luzi, qui parut transporté de joie. Vous connoissez donc ma cousine ? lui demanda le président. Je l’ai rencontrée deux fois il y a trois ans, répondit le chevalier, et je n’ai jamais rien vu de si beau !… — Mon ami, prenez garde à vous, ne vous avisez pas d’en devenir amoureux… — Pourquoi pas ? nous sommes libres l’un et l’autre… — Vous avez vingt-six ans et une tête de quinze ; elle a trente-trois ans, et elle n’a jamais été jeune. C’est une raison, une sagesse, un sang-froid, une austérité… Elle est charmante, mais entre nous, elle est un peu collet monté, et puis je parie qu’on lui a dit du mal de vous… — Dieu le veuille !… — Comment ? — Elle me remarquera. — Oui, mais avec prévention. — C’est toujours beaucoup d’être distingué dans la foule, d’être regardé. — Mon ami, c’est une femme comme vous n’en connoissez point. — C’est ce qu’il me faut pour me fixer. Dites-moi, a-t-elle de la gaîté dans