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son caractère. Personne, dans la société, n’auroit eu plus d’agrémens qu’elle, si elle n’avoit pas été un peu gâtée par l’hommage universel que l’on rendoit às on mérite et à ses vertus ; car l’éloge le moins frivole et le mieux fondé, gâte toujours s’il enorgueillit. Madame de Nelfort étoit quelquefois trop rigide, elle avoit trop de sécheresse avec les gens d’une mauvaise réputation ; elle ne sentoit pas assez qu’il y a beaucoup plus de pudeur et de dignité dans la douce indulgence qui semble ignorer les anecdotes scandaleuses, ou du moins, les révoquer en doute, que dans le dédain qui en retrace le souvenir, et qui s’érige publiquement en juge inflexible.

Madame de Nelfort arriva de la Provence à Paris, vers le milieu du mois de mai. Le président étoit au Vaudreuil depuis huit jours ; elle lui écrivit pour lui mander, qu’elle iroit le voir sous trois semaines et passer un mois avec lui. Le président aimoit beaucoup et admiroit profondément sa belle cousine ; d’ailleurs, après une absence de deux ans, c’é-