Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éclatante ; elle joignoit à la solidité de caractère, beaucoup de finesse, et cette pénétration, ce tact délicat que donnent l’usage du monde et la justesse de l’esprit. Sa réputation, les éloges fondés que l’on prodiguoit à sa conduite, avoient heureusement tourné toute sa vanité sur les seules choses qui méritent d’en inspirer, mais qui cependant ne la justifient pas, et madame de Nelfort avoit beaucoup d’orgueil : sa beauté n’étoit pour elle qu’un accessoire, elle n’en étoit pas plus vaine qu’une coquette ne l’est d’une jolie parure qu’elle croit faite, non pour augmenter ses attraits, mais seulement pour les faire remarquer mieux. Madame de Nelfort n’apprécioit la beauté que par l’éclat et le prix qu’elle donne à la vertu, et par le charme qu’elle en reçoit.

Ainsi que de toutes les femmes dont la vie est irréprochable, on disoit de madame de Nelfort qu’elle avoit la tête froide et qu’elle manquoit d’imagination ; on se trompoit et l’on raisonnoit mal, parce que dans ce cas on confond toujours deux choses très-différentes, l’imagination dé-