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gens les plus prévenus contre lui, étoient charmés de le rencontrer. Il dirigeoit les fêtes du Vaudreuil ; il faisoit de jolis couplets, les chantoit à merveille ; il jouoit des proverbes avec esprit et naturel (réunion qui n’est pas commune), et le président l’aimoit à la folie.

Le président avoit une parente très-célèbre par sa beauté, son esprit et ses vertus. Absente de Paris depuis dix-huit mois, et veuve depuis un an, elle avoit soigné de la manière la plus touchante, un vieux mari infirme, que les médecins avoient envoyé mourir dans une de ses terres en Provence. Madame de Nelfort (c’étoit son nom) après avoir passé l’année entière de son veuvage dans une profonde solitude, revint à Paris, jouir de tous les agrémens que peuvent procurer une grande fortune, l’indépendance et la plus parfaite réputation. Elle n’étoit plus de la première jeunesse, elle avoit trente-trois ans ; mais rien ne conserve la beauté comme la raison et des mœurs pures. Madame de Nelfort étoit encore d’une fraîcheur et d’une figure