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rence et les torts de la fatuité : enfin, sa légèreté, son inconséquence, ses succès, et quelques aventures d’éclat, le faisoient généralement passer pour un homme aussi dangereux qu’immoral. Cependant, ceux qui le connoissoient bien, le jugeoient avec moins de rigueur ; ils voyoient en lui, à travers beaucoup de défauts, mille qualités attachantes, et le caractère le plus doux, le plus aimable. Il étoit intimement lié depuis deux ans avec le président P***. Ce dernier, possesseur d’une fortune immense, passoit la plus grande partie de l’année au Vaudreuil en Normandie, château fameux par la beauté de ses jardins, par la société choisie qui s’y rassembloit, et par les fêtes charmantes qu’on y donnoit. Le président n’étoit plus jeune, il avoit de l’esprit, de la bonté, le goût des plaisirs et de la magnificence : avec de la grace et des talens agréables, on ne manquoit jamais de lui plaire et d’en être accueilli. Le chevalier avoit passé deux étés au Vaudreuil ; il était si gai, et d’un commerce si piquant, si doux, que les