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LE MALENCONTREUX.

madame, repris-je, ne craignez-vous point de nuire à votre santé ? Non, non, interrompit-elle, venez. En parlant ainsi, elle m’entraînoit. Je pris une bougie, et nous sortîmes. Après avoir traversé, sans bruit, un corridor, nous montons un petit escalier dérobé, au haut duquel nous tournons à droite, et, à six pas de-là, nous nous trouvons à la porte de mademoiselle Muller. Alors madame Blaker, qui s’étoit munie d’un passe-partout, met la clef dans la serrure, elle ouvre doucement la porte, nous entrons, et nous voilà dans la chambre de la ménagère ; nous jetons les yeux sur son lit sans rideaux, et nous apercevons deux têtes parfaitement endormies… Nous avançons… mais qu’on se figure, s’il est possible, l’excès de mon embarras et de mon étonnement, en découvrant dans l’amant de la ménagère, au lieu du jeune Frédéric, M. Blaker lui-même !… Infâme ! s’écria madame Blaker. À ce cri perçant, son mari se réveilla en sursaut, et, sans doute, sa surprise dut encore surpasser la mienne, en me voyant