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bizarre. Voulez-vous être mise de la manière qui vous sied le mieux à mes yeux ?… — Ah ! oui, celle-là seule peut me plaire. — Eh bien ! mettez votre vieux jupon vert… — Ce vieux jupon rempli de pièces !… — Ma chère Ida, c’est avec ce jupon que vous avez gagné mon cœur. Je vous ai priée de le conserver toujours ; il m’est si cher, que je veux le consacrer : je veux que vous le portiez le jour de notre noce, et chaque année le jour de ma naissance. Je ne vous dirai point de ne pas rougir de porter un vêtement qui vous rappellera une honorable pauvreté ; je serois plutôt tenté de craindre que vous ne puissiez le porter sans orgueil, car il vous retracera aussi l’action la plus charitable et la plus vertueuse. Vous n’êtes pas la première jeune fille dont l’amour ait changé la destinée ; mais il en est très-peu qui, comme vous, n’aient dû leur fortune qu’à la seule vertu. Soyez donc toujours humble, bonne et sensible ; soyez toujours la bienfaisante Ida ; conservez-en le nom, les sentimens et les mœurs : pour moi,