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prince, et que j’eusse la même manière de sentir, ce seroit toujours vous que je choisirois pour ma femme, mais comme, grace au ciel, je ne suis qu’un bourgeois de Breslau, il me semble que je ne fais rien de singulier, en épousant une roturière de Berlin. Je ne déclame point contre les gens qui ne se marient que pour augmenter leur dépense, pour avoir une maison mieux meublée, des jardins plus étendus ; je désaprouve encore moins celui qui, séduit par les talens et la beauté, ne cherche dans la compagne de toute sa vie, qu’une belle danseuse ou une grande cantatrice : pour moi, je voulois de l’innocence, de l’ingénuité, de la bonté ; le ciel m’a fait connoître Ida, et je l’en remercierai jusqu’à mon dernier soupir. Pour toute réponse, Ida se jeta dans mes bras, en appuyant et cachant sur mon épaule, son visage baigné de pleurs… La lingère et l’hôtesse vinrent l’embrasser ; mes amis la félicitèrent avec attendrissement : le reste de la soirée se passa délicieusement pour moi ; nos quatre convives prenoient