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ma promise[1], et je vous invite à notre noce qui se célébrera d’aujourd’hui en huit. À ces mots, les deux femmes firent une exclamation de joie ; Ida pâlit, rougit, en s’écriant : Bon Dieu, monsieur !… Elle chanceloit ; je la soutins… Ida, repris-je, y consentez-vous ? — Oh, monsieur, répondit-elle, en serrant fortement mes deux mains dans les siennes… Elle s’arrêta ; ses pleurs couloient avec abondance, et tomboient sur mes mains ; elle me regardoit fixement, avec une expression qui me pénétroit !…… Après un instant de silence, tout-à-coup elle se précipite à genoux, en disant : Non, monsieur, non, cela ne sera point, on vous blâmeroit ; non, je n’abuserai point ainsi de votre générosité….. Elle parloit avec une extrême véhémence, car le sentiment lui ôtoit absolument toute sa timidité. Je la relevai, et la conduisant près d’un canapé, je m’assis à côté d’elle. Ida, lui dis-je, il est certain que si j’étois un

  1. C’est l’expression allemande, ce qui signifie prétendue ou future.