Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mot de plus ; allez, Ida. À cet ordre positif, donné d’un ton très-sévère, Ida, sans hésiter davantage, me quitta. Il étoit sept heures du soir. D’après mes invitations, deux de mes amis vinrent à huit heures ; je les mis au fait de tout ce que je prétendois faire. Un moment après, survinrent mon hôtesse et la lingère, amie d’Ida, que j’avois pareillement invitées à souper, mais sans les prévenir de mon dessein. Toutes ces personnes étant rassemblées, j’envoyai chercher Ida. Ce fut une chose plaisante de la voir paroître, habillée en dame, la tête penchée d’un air honteux, le sourire sur les lèvres, les larmes aux yeux, les joues colorées du plus vif incarnat, et ne sachant que faire de ses bras, de ses mains, et surtout de la longue queue de sa belle robe… Sa confusion redoubla en apercevant la compagnie ; elle se cacha le visage avec un pan de sa robe, en disant : C’est pour obéir à mon maître. Je m’avançai vers elle, et la prenant par la main : Mesdames, dis-je, en m’adressant à l’hôtesse et à la lingère, je vous présente