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LE MALENCONTREUX.

traverser la chambre, ou plutôt, la franchir en deux sauts, ouvrir les portes avec fracas, et s’éloigner rapidement. Je restai stupéfait, ne pouvant concevoir une telle véhémence de passion, surtout dans un jeune homme de seize ans, qui paroissoit naturellement si froid et si flegmatique. Je me levai, je m’habillai en deux minutes, et suivant les ordres de madame Blaker, je me rendis à son appartement. Tout le monde, dans la maison, étoit couché depuis deux heures ; mais comme madame Blaker n’étoit qu’au dixième jour de sa couche, elle étoit encore veillée par une garde : je grattai doucement à la porte, la garde vint, et d’après l’ordre de sa maîtresse, elle m’introduisit. Lorsque j’eus instruit madame Blaker : « Il n’en faut point douter ! s’écria-t-elle, mon fils est sûrement chez cette indigne créature !… ». En disant ces paroles, madame Blaker me prie d’attendre un moment ; elle tire le rideau de son lit, s’habille précipitamment, se jette à bas de son lit, et me saisissant par le bras : Allons, allons, dit-elle. Bon Dieu !