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dire à la jeune fille que je desirois lui parler ; elle vint. Elle avoit questionné l’hôtesse, et elle étoit tout-a-fait rassurée sur mon caractère et sur mes intentions. Je la fis asseoir, et nous eûmes ensemble un assez long entretien. Elle m’apprit qu’elle s’appeloit Ida[1] ; qu’ayant perdu ses parens dès le berceau, on l’avoit mise, dans son enfance, à l’hospice des Orphelines ; qu’elle n’en étoit sortie que pour entrer au service d’une vieille dame qu’elle avoit vu mourir ; qu’après cet événement, elle avoit trouvé un asyle, pendant quelques mois, chez une honnête lingère de sa connoissance, et qu’ensuite la crainte d’être à charge à son amie l’avoit engagée à se placer dans ce café dont elle étoit renvoyée au bout de cinq jours. Eh bien ! Ida, lui dis-je, voulez-vous rester avec moi ?… — Ah ? monsieur, répondit-elle, si vous étiez une dame, ou seulement un vieillard !…

  1. Ce nom, qui peut en France paroître romanesque, est en Allemagne le nom le plus ordinaire des servantes.