Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais allez-vous-en, car ma maîtresse va venir. Je ne perdis pas un mot de ce dialogue, quoique la jeune fille parlât toujours à voix basse. Pendant ce temps-là, je fumois, et j’avois l’air de ne pas faire la moindre attention à tout ce qui se passoit à l’autre bout de la salle. La pauvre femme sortit, en emportant la belle jupe d’indienne, et, presqu’au même instant la maîtresse du café parut. C’étoit une grosse femme de trente ans, très-parée dès le matin, ayant des mirzas de perles, une belle robe d’étoffe, une grande chaîne d’or au cou, une physionomie refrognée, et des manières impertinentes. La jeune fille, en l’apercevant, voulut se sauver par une autre porte ; mais sa maîtresse la rappela, et, après lui avoir donné quelques ordres, fixant ses yeux sur le jupon vert : Qu’est-ce donc que cela ? lui dit-elle, d’un ton aigre, comme vous voilà faite, et un Dimanche ! Dieu me pardonne, vous vous êtes déshabillée ; mais quelle idée donc ! à l’heure où tout le monde va venir ! Êtes-vous folle ?… Voulez-