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LE MALENCONTREUX.

quelque heure que ce puisse être : je me charge du reste.

Je promis à madame Blaker de faire exactement tout ce qu’elle me prescrivoit. Son mari revint l’après-midi, et je ne lui parlai de rien. Frédéric, plus accablé que jamais, voulut encore garder sa chambre, et se mit au lit à sept heures, M. Blaker que peu de choses pouvoient distraire du projet de donner un bon souper, et qui avoit amené beaucoup de monde, ne s’occupa nullement de son fils. Je me retirai de bonne heure ; je rencontrai la ménagère qui sortoit de la chambre de Frédéric, ce qui, joint à mille petites choses que je me rappelois, acheva de me persuader que les soupçons de madame Blaker n’étoient que trop fondés. Je me couchai : l’inquiétude me tint long-temps éveillé, car j’entendois Frédéric se plaindre, s’agiter, et jeter à bas ses oreillers et ses couvertures ; enfin, sur les deux heures du matin, j’allois m’endormir, lorsque j’entendis tout-à-coup Frédéric s’élancer avec impétuosité hors de son lit, et, sans s’habiller,