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tout usé, et tout rempli de pièces ; et qui est ce même jupon vert qui vous a causé tant de surprise… » Dans cet endroit du récit de M. Molten, Valcour attendri se retourna pour regarder madame Molten qui sourit en rougissant, car elle vit bien que l’on parloit d’elle ; et M. Molten continuant sa narration : « Rien, dit-il, n’embellit un joli visage comme une ame bienfaisante ! Cette jeune fille que je n’avois trouvée que gentille, parée de son habit des dimanches, me parut une créature angélique avec ce vieux jupon vert. Elle s’approcha de la pauvre femme, en disant, Tenez, voilà un jupon ! — Mais ce jupon, c’est le vôtre : vous l’aviez tout-à-l’heure ? — Prenez toujours. — Votre maîtresse a donc refusé de m’en donner un ? — Hélas ! oui. Emportez celui-ci. — Il m’en coûte de vous dépouiller ! — Je vous le donne de si bon cœur ! — Dieu vous récompensera de votre charité. — Où demeurez-vous ? — Dans la rue Guillaume, à côté de l’épicier. — C’est bon ; quand je le pourrai, j’irai vous voir ;