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qui demandoit l’aumône étoit enceinte, et qu’elle paroissoit accablée de fatigue, elle lui donna quelques pièces de monnoie, et, l’invitant à se reposer, elle la prend par la main, l’introduit dans la salle, et la fait asseoir sur une chaise, à l’endroit le plus éloigné de la place que j’occupois. Après cela, elle va lui chercher un petit pain, et elle entre en conversation avec elle. La pauvre femme lui conte qu’elle est prête d’accoucher, et qu’elle manque de tout pour elle et pour l’enfant qui va naître. Elle exprime surtout le désir d’avoir un jupon ; le sien étoit tout-à-fait en guenille. Oh bien ! dit la jeune fille, ma maîtresse en a je ne sais combien ; je vais lui en demander un pour vous : attendez-moi ici. En disant ces paroles, elle sort précipitamment. Elle fut près d’un quart-d’heure absente ; enfin elle revint, mais à moitié déshabillée ; car elle avoit ôté son habit des dimanches, c’est-à-dire, une jupe d’indienne toute neuve, qu’elle tenoit ployée sur son bras ; elle n’avoit gardé que le corsage, et son jupon de dessous,