Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dimanche. Au bout d’un quart-d’heure, une jeune fille de seize ans, fraîche comme une rose, vient m’aporter mon déjeûner. Elle avoit un air craintif et timide qui m’intéressa ; elle baissoit les yeux, et posa sur la table, sans me regarder, le plateau qu’elle portoit. Je suppose, lui dis-je, que vous ne servez pas ici depuis long-temps. — Non, monsieur, je n’y suis que depuis cinq jours. — Est-ce votre première condition ? — Non, monsieur, j’ai servi, pendant deux mois, avant de venir dans cette maison, une bien bonne dame… Ici, la jeune fille fit une petite mine touchante, pour s’empêcher de pleurer. Et pourquoi, repris-je, avez-vous quitté cette bonne dame ? — Parce qu’elle est morte tout d’un coup. En disant ces paroles, la jeune fille se retourna, et me quitta en s’essuyant les yeux. Dans ce moment, une pauvre femme frappe doucement à la porte vitrée qui donnoit sur la rue. La jeune fille se retourne, l’aperçoit, et court vers la porte qu’elle entr’ouvre : alors, voyant que cette pauvre femme