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le pressèrent de conter son histoire à Valcour. Je le veux bien, dit-il, en regardant Valcour ; vous êtes digne d’entendre ce récit ; vous avez une ame sensible. — Comment le savez-vous ? reprit Valcour en souriant. — Je m’y counois, répondit M. Molten. Enfin, puisque vous le desirez, je vaisvous conter mon histoire : cette narration n’embarrassera point Ida qui n’entend pas du tout le françois. À ces mots, Valcour rapprocha sa chaise de M. Molten ; Ida prit son sac, et se mit à tricoter. Il y eut un moment de silence ; ensuite, M. Molten commença son récit dans ces termes :

« Il y a environ cinq ans que mes affaires m’obligèrent à faire un voyage à Berlin, au commencement de l’été. J’étois garçon alors. Quelques jours après mon arrivée à Berlin, je fus un matin, à sept heures, déjeuner dans un café. En attendant le chocolat qu’on me prépare, je demande une pipe, je m’établis dans un coin du salon où j’étois tout seul, et je me mets à fumer. C’étoit un