Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à se travestir de la sorte, et à choisir un tel habit de fête. Cependant, n’osant questionner à ce sujet, la journée entière se passa sans que cette bizarrerie lui fût expliquée ; il observa seulement que M. Molten parut beaucoup moins froid qu’à l’ordinaire, et que durant tout le jour, il eut continuellement les yeux fixés sur sa femme. Enfin, après souper, comme il faisoit très-froid, on s’établit autour d’un grand poêle, et M. Mollen s’adressant à Valcour : J’admire voire discrétion, lui dit-il ; cependant, convenez que le jupon vert excite un peu votre curiosité. — Oui, je l’avoue, répondit Valcour, et je vous assure que vous me soulagez beaucoup en m’en parlant. — Ah ! reprit M. Molten, si vous aviez mes yeux, combien ce jupon vous plairoit ! Ida, (c’est ainsi qu’il appeloit sa femme), Ida me paroît toujours aimable ; mais avec ce jupon, qu’elle est touchante et belle !… En disant ces mots, les yeux de M. Molten se remplirent de larmes, et Valcour fut vivement ému. Les amis de M. Molten