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Madame Molten parut avec ses enfans, qui offrirent des bouquets à M. Molten ; et ce dernier, s’avançant vers sa femme, la regarda avec une expression de sentiment et d’attendrissement que Valcour n’avoit point encore remarquée sur son visage ; mais ce qui fixa toute l’attention de Valcour, ce fut l’étrange habillement de madame Molten. Ses beaux cheveux blonds étoient tressés avec élégance sur sa tête, et rattachés par un ruban blanc ; elle avoit un joli spencer de velours violet, son cou étoit orné d’une chaîne d’or, et d’un superbe collier de perles fines ; et, avec toute cette parure, elle avoit un vieux vilain jupon vert d’une grosse étoffe de laine, et dont une demi-douzaine de larges trous étoient grossièrement raccommodés avec des pièces de toutes couleurs. En considérant ce singulier costume, Valcour fut d’autant plus surpris, qu’aucun des spectateurs ne paroissoit étonné. Il avoit vu, tous les jours précédens, madame Molten parfaitement bien mise, et il ne concevoit pas le motif qui pouvoit l’engager