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si vous n’avez point d’autre engagement. Valcour ayant accepté l’invitation, M. Molten passa avec lui dans son salon. Ils y trouvèrent madame Molten, jeune femme de vingt ans, d’une figure agréable et fraîche, et d’un maintien doux et timide. Elle étoit entourée de trois petits enfans beaux comme des anges. Ce tableau plut à Valcour, il le contempla en silence. M. Molten lui sut encore beaucoup de gré de ne dire à ce sujet aucune fadeur. On se mit à table, la conversation fut animée entre M. Molten et Valcour qui, réciproquement, furent très-satisfaits l’un de l’autre. Madame Molten ne parla point, parce qu’elle ne savoit pas le français, d’ailleurs, sa timidité étoit extrême : on voyoit qu’elle aimoit tendrement son mari ; mais, en même temps, son respect pour lui sembloit aller jusqu’à la crainte, quand on ne savoit pas que cette excessive déférence n’étoit en elle que l’effet et l’expression d’une vénération profonde et de la plus vive reconnoissance.

Deux jours après, M. Molten mena