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rent M. Molten. Mon ami, en vous donnant cette lettre, dit-il, vous l’a-t-il communiquée ? — Non, monsieur, répondit Valcour, qui trouva cette question assez singulière, je ne l’ai point lue ; elle ne m’a été envoyée que cachetée, et à l’instant de mon départ : mais oserois-je vous demander si elle contient quelque chose qui doive vous étonner ? — Point du tout, c’étoit une simple curiosité. Comptez-vous rester quelque temps à Breslau ? — Huit jours. — On me mande que vous voyagez pour votre santé. — Oui, elle est un peu dérangée. — Quel est le mal dont vous souffrez ? — Ce n’est rien, quelques maux de tête… Valcour, que cet interrogatoire ennuyoit, fit cette dernière réponse d’un ton impatienté qui plut excessivement à M. Molten, enchanté d’ailleurs que Valcour n’eût pas dit un seul mot de sa douleur de la mort de son frère. Monsieur, reprit-il en se déridant tout-à-fait, je vous supplie de regarder ma maison comme la vôtre, et de me faire l’honneur de dîner dès aujourd’hui chez moi,