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antipathie pour toute espèce d’affectation, influoit beaucoup sur son extérieur qui pouvoit déplaire et repousser ; au premier coup d’œil, son air étoit froid, son ton sec, et même souvent brusque. Naturellement observateur, il avoit remarqué qu’il faut, en général, se défier de ceux qui ont des manières affectueuses, et qui s’empressent de montrer une grande sensibilité ; et voulant éviter tout ce qui pouvoit ressembler à l’exagération et à la fausseté, il tomboit communément dans l’extrémité contraire, il manquoit fréquemment de politesse, et sa franchise dégénéroit quelquefois en rudesse.

La lettre que lui présentoit Valcour étoit de l’homme du monde qu’il estimoit le plus ; il la décacheta sur-le-champ, et la lut avec attention. On lui faisoit de Valcour le plus grand éloge ; on lui mandoit que ce jeune homme voyageoit pour tâcher de se distraire de la perte d’un frère chéri.

La figure de Valcour, sa pâleur, et la douceur de sa physionomie, intéressè-