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LE MALENCONTREUX.

M. Blaker, absent depuis deux jours, étoit à Hambourg, mais j’allai trouver sa femme qui me reçut sur-le-champ. Je lui contai ce qui étoit arrivé. Après m’avoir écouté fort attentivement, elle me pria de ne point parler de ce fait à M. Blaker, parce qu’elle craignoit sa sévérité pour son fils. Madame Blaker ajouta qu’elle soupçonnoit une intrigue entre Frédéric et la ménagère, nommée mademoiselle Muller, jeune fille de vingt-cinq ou vingt-six ans, très-fraîche, assez jolie, et fort impertinente. Depuis long-temps, poursuivit madame Blairer, je suspecte beaucoup les mœurs de la Muller ; je suis persuadée qu’elle a séduit mon fils : cette intrigue, à l’âge de Frédéric, est, à tous égards, une horreur de la part de cette créature, mais il s’agit de démasquer cette fille que mon mari protège beaucoup : ainsi, conduisons-nous prudemment. Mon mari sera ici ce soir, mais il ne reviendra habiter mon appartement, que dans cinq ou six jours. D’ici là, Frédéric retournera sûrement à son rendez-vous ; dans ce cas, venez aussitôt m’avertir à