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LE JUPON VERT.
ANECDOTE[1].


Valcour, jeune homme très-distingué par son esprit et par ses sentimens, voyageoit dans le Nord, durant l’automne de 1789. Il s’arrêta quelques jours à Breslau. Il avoit une lettre de recommandation pour un riche négociant de cette ville, nommé M. Molten ; il se rendit chez lui, et lui remit sa lettre. M. Molten étoit un homme de quarante-deux ans, qui joignoit à beaucoup d’esprit naturel une grande originalité de caractère, une extrême bonhomie, et une ame sensible et généreuse. Il avoit rencontré dans sa vie beaucoup de fourbes et de fripons ; il avoit aussi connu des gens véritablement honnêtes ; il n’estimoit pas la multitude, mais il n’étoit point misanthrope, il croyoit à la vertu. Son

  1. Le fond en est vrai ; l’héroïne est Allemande, et jeune encore.