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LE MALENCONTREUX.

peine ; c’est que la santé du jeune Frédéric Blaker, loin de se fortifier, sembloit s’affoiblir tous les jours.

Ce fut à-peu-près à cette époque qu’un patriote français que j’avois beaucoup connu jadis, passa par Hambourg ; je lui avois prêté autrefois deux mille écus qu’il n’avoit pu me rendre : ayant fait fortune depuis, il se souvint de cette dette, et voulut l’acquitter. Il refusa de me voir, parce que j’étois émigré, mais il m’envoya mes deux mille écus. Outre le plaisir de recevoir une somme si considérable dans ma position, je vis, avec plaisir, que les nouvelles lois établies en France, n’avoient pas perverti tous les républicains, et que malgré la barbarie et l’immoralité de tant de décrets, la probité n’étoit pas éteinte dans tous les cœurs.

J’étois, depuis trois semaines, chez M. Blairer, lorsque sa femme accoucha fort heureusement d’une fille. Environ huit jours après cet événement, le jeune Frédéric, plus languissant que jamais, passa la journée entière dans sa chambre,