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LE MALENCONTREUX.

quelques soins à l’éducation de son fils unique, âgé de seize ans, c’est-à-dire, de lui enseigner le français, et de coucher dans sa chambre. J’entrai dans cette maison, sur la fin du mois de juin. M. Blaker (c’est le nom du négociant) étoit un homme de quarante-huit ans, qui, après avoir sacrifié tous ses beaux jours au soin pénible d’amasser de l’argent, se dédommageoit, par une oisiveté complète, de la fatigue de ses longs travaux, et ne songeoit plus qu’à dépenser gaîment un revenu considérable. Sa femme, âgée de trente ans, étoit enceinte et prête d’accoucher. Le jeune homme, héritier de la famille, relevoit d’une grande maladie, et je fus très-frappé de sa mélancolie et de son invincible taciturnité. Je trouvai cette maison infiniment agréable ; on y recevoit beaucoup de monde, on y faisoit très-bonne chère ; je passois une grande partie du jour dans les jardins et dans les prés, je faisois divers essais d’agriculture, et je menois une vie douce et paisible, très-conforme à mon goût. Une seule chose me faisoit de la