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LE MALENCONTREUX.

fait différens de ceux qu’on vend en France. Je ne reçus point de réponse ; mais quatre ou cinq mois après, le citoyen Dal***, nouvellement arrivé de Paris, me fit dire un matin de passer chez lui. J’y fus aussitôt. Je le trouvai seul dans sa chambre, et il commença par me dire qu’il avoit à me parler de la part de mon cousin : cette annonce me causa beaucoup de joie, mais quelle fut ma surprise quand le citoyen Dal***, reprenant la parole : « Le citoyen C***, me dit-il, vous prie instamment de ne pas vous aviser de lui écrire davantage, l’extravagance de votre lettre a pensé lui coûter la vie. — Comment donc ? — Oui, monsieur, d’après cette lettre lue à la poste, et envoyée au Comité de sûreté générale, on a soupçonné votre parent d’un complot contre la République ; on a pensé qu’il faisoit venir un amas d’armes des pays étrangers, et qu’il machinoit quelqu’intrigue, pour s’emparer des canons. En conséquence, on a saisi tous ses papiers, et lui-même a été privé de sa liberté pendant trois mois ». Ce récit me