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LE MALENCONTREUX.

adresse qui a constamment eu pour moi, tous les inconvéniens de l’imprudence et de la témérité. Je suis le moins étourdi, le moins entreprenant des hommes, et personne, cependant, n’a fait plus de bévues. Je ne fais rien légèrement, mais l’à-propos manque toujours à ce que je fais, et c’est-là, je crois, ce qui produit le guignon. Peut-être qu’un peu plus d’usage du monde auroit pu diminuer cette gaucherie naturelle ; néanmoins, ce défaut tient tellement à ma distraction et à la tournure de mon esprit, que je ne pense pas que rien eût pu le corriger entièrement. Vers ce temps, j’appris avec un grand plaisir, qu’un de mes parens, que je croyois mort, vivoit tranquillement à Paris, retiré dans un faubourg, avec sa femme et ses enfans. Je lui écrivis, mais sous un nom allemand, afin de ne point le compromettre si l’on ouvroit la lettre, car je mis cette lettre à la poste. En même-temps, voulant avoir une attention pour son fils aîné dont j’étois le parrain, j’envoyai à cet enfant un jeu d’onchets, parce que ces jeux, en Allemagne, sont tout-à-