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LE MALENCONTREUX.

assassin, un sorcier et un conjuré ; je passai en Allemagne, et je me rendis à Hambourg. Arrivé dans cette ville hospitalière, je me mis à refaire mon mémoire ; j’écrivis au citoyen L***, consul de France, pour le prier d’envoyer ce paquet à Paris. Le citoyen L*** ne me fit aucune réponse ; je lui récrivis, je fus plusieurs fois chez lui, mais sa porte me fut toujours fermée, et j’appris qu’il ne vouloit, ni me voir, ni me répondre, parce qu’il me croyoit un ardent royaliste. Alors, je pris le parti de faire imprimer mon mémoire, j’eus soin de placer mon nom à la tête de ce petit ouvrage ; on en tira quatre cents exemplaires, j’en fis partir deux cents pour Paris, j’envoyai le reste en Bretagne.

Les passions des grands personnages forment, dans leurs destinées, des incidens extraordinaires qu’on est convenu d’appeler fatalité. Les événemens de ma vie ont trop peu d’importance pour qu’il me soit permis d’employer une expression si relevée ; d’ailleurs, les passions n’ont jamais agité mon ame, mais il y a dans mon caractère, je ne sais quelle mal-