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égard la curiosité que vous pourriez supposer. Mes sentimens religieux étoient à cette époque au dernier point d’exaltation. L’éducation que j’avois reçue, l’exemple de mon père, ma tendresse pour lui, les forfaits des athées et des déistes, la foi, le courage héroïque des martyrs et des fidèles ministres de la religion, la persécution, et les plus chères affections de mon cœur, tout jusqu’alors avoit non-seulement fortifié, mais porté jusqu’à l’enthousiasme, la vénération des principes que je respectois depuis mon enfance. J’avois eu le bonheur de trouver dans les armées même quelques jeunes gens de mon âge qui partageoient à cet égard toutes mes opinions. Je n’étois lié qu’avec eux, et surtout avec Sérilly, le compagnon des jeux de mon enfance, et depuis, de mes études !… Sérilly qui me montroit une amitié si tendre… ! Ah Dieu !… »

Dans cet endroit de son récit Delrive s’arrêta. Un souvenir douloureux oppressoit son cœur, il mit ses deux mains sur ses yeux, et resta quelques instans dans