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jamais prononcer son nom sans nécessité.

« Caliste copioit parfaitement de la musique, mais ne trouvoit point d’ouvrage. Madame Martin eut l’air de lui chercher des pratiques, et Caliste bientôt eut une prodigiense quantité de musique à copier. Sa mère eut un bon médecin qui fit des visites assidues, en disant qu’il ne recevroit de paiement que lorsque la malade seroit parfaitement guérie. Caliste pouvoit d’autant moins soupçonner que je fusse l’auteur de toutes ces choses, que depuis quinze jours que je logeois à côté d’elle, je n’avois pas fait la moindre démarche pour la voir, ou pour me faire remarquer d’elle. Elle savoit seulement qu’un jeune homme couchoit dans le cabinet voisin de sa chambre, mais j’étois si peu bruyant, que souvent je l’écoutois depuis trois heures sans qu’elle m’eût entendu rentrer. Je l’avois rencontrée deux fois sur l’escalier sans m’arrêter et sans lui parler : je n’avois pu voir son visage entièrement caché par un voile épais de mousseline qu’elle portoit toujours ; mais je n’éprouvois pas à cet