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et je le fis remettre à Caliste qui n’eut pas le moidre soupçon de la vérité, d’autant plus que la dame émigrée lui avoit toujours montré un caractère très-généreux et la plus vive amitié.

« Madame Martin qui me connoissoit depuis long-temps, ne pouvoit se défier de la pureté de mes intentions : d’ailleurs pour lui ôter jusqu’à l’ombre d’une crainte à cet égard, je lui déclarai dès le premier moment, que je voulois respecter la solitude de deux personnes qui menoient une vie si retirée ; que je ne desirois point faire connoissance avec elles ; que je la priois instamment non-seulement de me garder un inviolable secret sur ce que je faisois pour elles, mais encore de ne leur jamais parler de moi. Madame Martin me le promit, et j’y comptai. Elle étoit la femme du monde la moins bavarde et la moins curieuse. J’exigeai de plus qu’elle ne me parlât de madame d’Armalos que pour m’instruire des choses que je pourrois faire pour elle. Quant à Caliste, madame Martin avoit d’elle-même la délicatesse de ne