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cence, la sainte résignation !… Après les prières, j’entendis donner et recevoir un baiser maternel. On cessa de parler, je recueillis encore quelques soupirs ; enfin un profond silence m’annonça le sommeil de ces deux victimes du malheur. Je jouis de l’idée qu’elles ne souffroient plus. Je restois immobile, dans la crainte de faire le moindre bruit ; il seroit si barbare de réveiller l’infortuné qui goûte peut-être l’illusion d’un songe heureux, ou qui du moins a perdu le sentiment et le souvenir de ses peines !… Je devois aller souper chez un ami ; il me fut impossible de m’arracher de ma chambre, il me sembloit qu’en y restant, je soignois ces infortunées. J’aimois à veiller sur elles, tandis que la Providence leur accordoit quelques instans de repos…..

« Je me couchai tard, je m’éveillai avec le jour ; je m’habillai à la hâte, j’étois pressé de sortir. Je fus acheter une énorme quantité d’oranges de Malte et de grenades, que je portai à mon hôtesse : je la chargeai d’offrir la moitié de cette provision à madame d’Armalos, en lui