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voudroient pas profiter ; elles sont bonnes, mais si fières !… Les pauvres dames, elles ne sont pas encore accoutumées à l’indigence, elles étoient si riches !… — Ont-elles un domestique ? Mon Dieu non, elles n’ont pas même une servante, c’est une des miennes qui les sert. Cependant la mère ne manque de rien, mademoiselle d’Armalos se passe de tout pour elle : hier encore, mère ayant eu envie de manger des oranges de Malte, mademoiselle d’Armalos, pour lui en acheter six, fit vendre à son insçu son manteau de taffetas ouaté ; elle ne sort plus qu’avec un simple mouchoir de mousseline, par le froid qu’il fait, et avec une robe de toile ; car elle a aussi vendu pour sa mère toutes ses robes d’étoffes. Tout cet argent a passé en vin de Malaga, en confitures, en poulets gras pour madame d’Armalos. C’est un ange que cette fille-là.

« Ce récit me fit d’autant plus d’impression, que madame Martin étoit une femme simple qui n’avoit aucun commérage, et qui étoit incapable d’exagérer…