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dit qu’elle ne pouvoit me donner qu’un cabinet très-propre, au troisième étage, mais qui n’étoit séparé que par une mince cloison de la chambre d’une dame mourante, soignée par sa fille, âgée de dix-huit ans et belle comme un ange. Je fis des questions sur ces infortunées. On m’apprit que la mère (madame d’Armalos), veuve d’un riche banquier espagnol qui venoit de périr sur l’échafaud, étoit tombée dans la plus affreuse misère, et qu’elle se mouroit de la consomption. On les a dépouillées de tout, continua madame Martin. La pauvre jeune demoiselle, qui joue parfaitement du piano, a pris depuis douze jours deux écolières dans le quartier, cela lui vaudra deux louis par mois ; c’est-là toute leur ressource ; mais je leur ferai crédit tant que je le pourrai. Combien vous doivent-elles ? demandai-je. — Pour la nourriture et le logement, cela se monte déjà à cent cinquante livres. — Tenez, les voilà, ayez bien soin d’elles, et gardez-moi bien le secret. — Oh ! soyez tranquille si je leur contois votre générosité, elles n’en