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LE MALENCONTREUX.

oseille, ni cardes, ni melons, ni artichauts, quoique le terrain m’en parût excellent. Je connus bientôt que tous les jardins de Zug et des environs n’offroient pas plus de variété et d’industrie ; cette découverte m’enchanta, car je pouvois raisonnablement me flatter de rendre célèbre le jardin qui m’étoit confié, de procurer de nouvelles jouissances aux habitans du canton, et de devenir le législateur de tous leurs jardiniers. Désormais, me disois-je, ma tranquillité ne sera plus troublée ; je suis bien sûr que non-seulement on ne me chassera pas de ce pays, mais qu’avant un an, on m’y regardera comme un bienfaiteur, et que j’y jouirai de tous les avantages que peut procurer à un étranger la reconnoissance publique. Rempli de ces douces idées, je préparai mes nouveaux travaux, avec autant de soin que d’activité. Dans ces entrefaites, mon maître partit pour un assez long voyage, et il ne revint qu’au bout de sept mois. J’employai utilement le temps de son absence, travaillant presque jour et nuit, mais avec mystère ; car