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sillons de lumière qui, se prolongeant jusqu’à l’entrée du gouffre, sembloient en éclairer toute la profondeur. Delrive tressaille !… Cet abîme affreux, dit-il, pourroit être pour moi, dans un instant, l’asyle impénétrable de la mort !… Que m’offre désormais la vie ?… J’ai tout perdu, tout, jusqu’à l’espérance !… Ces souvenirs désolans qui déchirent mon cœur, s’effaceront pour jamais dans cette onde salutaire, je cesserai de souffrir !… Le néant est le seul réfugie du malheur sans ressource… Le néant !… À ces mots il frémit, un mouvement machinal, indépendant de sa volonté, lui fait lever les yeux vers le ciel… Tout ce qui l’entoure semble être en accord avec lui ; cette onde agitée qui bouillonne… Ces flots tumultueux qui se précipitent avec impétuosité, ces rochers menaçans sur le bord des abîmes, ces montagnes escarpées, ce bruit, cette confusion, ce désordre lui présentent un tableau frappant du trouble affreux de son cœur… Mais, en détachant ses regards de la terre, en les portant vers les cieux, il retrouve la