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L’APOSTASIE,
OU
LA DÉVOTE.



Non loin du fort de l’Écluse, sur la route de Lyon à Genève, le jeune et malheureux Delrive, assis tristement sur la pointe d’un rocher, considéroit, d’un air farouche, les cieux parsemés d’étoiles ; un torrent impétueux se précipitant avec fracas du sommet des montagnes dans les ondes écumantes du Rhône, formoit à ses côtés cette espèce de cascade que les gens, du pays appellent la chute de l’abîme. L’air étoit serein et la nuit calme… Delrive, après un long silence, poussant un profond soupir, jette un œil égaré sur les objets qui l’environnent : « Oui, dit-il, un gouffre est sous mes pieds, et l’enfer est dans mon cœur !… Cependant nul remords encore ne me poursuit ; mais j’ai vu tant d’excès, tant