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cipes qu’elles ont reçues ? Une mère ne peut en général que commencer l’éducation de sa fille ; c’est le mari qu’elle lui donne qui la finit, et qui par conséquent la perfectionne ou la gâte.

Un événement passionnément désiré acheva de mûrir le caractère de Laure et d’affermir ses vertus ; elle devint mère : et quelle est la jeune personne bien née qu’un tel titre ne rend pas et plus raisonnable et meilleure ? Laure nourrit son enfant, et durant tout ce temps vécut à la campagne ; elle ne revint à Paris qu’après dix-huit mois d’absence : elle étoit mariée depuis trois ans.

Un matin en rentrant chez elle (Hippolyte étoit à Versailles), on lui dit que l’abbé Durand l’attendoit dans son salon ; c’étoit un vénérable ecclésiastique qui avoit été précepteur d’Hippolyte. Comme il habitoit la province depuis dix ans, Laure ne l’avoit jamais vu, mais elle avoit plus d’une fois entendu parler de lui ; elle savoit qu’Hippolyte le révéroit et l’aimoit, et c’en étoit assez pour le bien recevoir. L’abbé fut accueilli de la