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les rênes du gouvernement ; et devenue souveraine dans sa maison, elle s’y plut davantage : cet empire est d’autant plus doux, qu’il n’est point une usurpation, la nature le donne aux femmes : elles n’ont de dignité et de véritable considération chez elles, que lorsqu’elles y régnent, c’est-à-dire lorsque tout s’y fait sous leur surveillance et par leurs ordres.

Ce fut ainsi que Laure, perfectionnée par les soins ingénieux de son mari, se corrigea de tous les défauts, et devint le modèle des femmes de son âge et les délices de sa famille. Un père, une mère ont sans doute un grand intérêt à perfectionner le caractère de leur fille, mais ils travaillent pour un autre, et l’instituteur de Laure formoit son élève pour lui-même. Faut-il donc s’étonner de tout ce que fit Hippolyte ? et n’est-il pas beaucoup plus surprenant que tant de maris soient assez insensés pour corrompre leurs femmes, en leur laissant former des liaisons dangereuses, en affoiblissant par leurs actions, par leurs discours, et souvent par leurs dérisions, tous les prin-