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ruinerons point en vivant dans nos terres ; là tu te charges de la dépense ; là on n’a rien à faire, et on ne trouve ni tailleur, ni marchande de modes, ni bijoutier. — Hippolyte, ne comptes-tu plus sur ma parole ? — Ah ! je sais que tu peux tout ce que tu veux ; c’est un grand avantage que tu as sur moi. Tu m’as guéri de mes emportemens, mais je te déclare que tu ne me donneras jamais de l’ordre : cela est si mortellement ennuyeux !… — Je compterai pour toi. — Parles-tu sérieusement ? — Je me charge de tous les achats. — Tu serois capable… — De tout, pour te montrer comme je t’aime. — Mon incomparable amie !… à ton âge ! Eh bien ! Je me mets sous ta tutelle ; et comme je dois reconnoître une telle perfection de sentimens et de conduite, je prends l’engagement solennel de renoncer à toute espèce de fantaisies. Tu m’achèteras ce que tu jugeras nécessaire, je ne m’en mêlerai point : tu commanderas, et tu paieras.

Cet accord fait, Laure, comblée de gloire et de joie, prit dès le jour même