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le ciel a pris plaisir à nous donner les mêmes vertus, les mêmes sentimens et les mêmes dëfauts, tel est aussi mon caractère. Nous n’avons dans ce moment qu’un parti à prendre ; c’est de vendre nos chevaux et nos voitures, et d’aller passer deux ans de suite à Valrive : qu’en penses-tu ? — Cher Hippolyte, aimes-tu mieux vivre à la campagne ? — Avec toi je serai toujours heureux : mais passer à la campagne six ou sept mois, et le reste de l’année à Paris, voilà quel seroit mon goût. — Eh bien ! mon ami, il faut que cela soit ainsi. Je compterai tous les jours avec le cuisinier ; je ne ferai plus de dettes… — Bon ! dit Hippolyte en riant, tu sauras te refuser mille fantaisies, et n’achèteras qu’en payant ?… — Je t’en donne ma parole. — Allons donc, c’est impossible ! — Impossible ! d’acquérir de la raison ? — On ne refond pas comme cela son caractère. — Et ne nous sommes-nous pas corrigés de la colère ? — Oh ! cela est bien différent : ce défaut avoit de si funestes conséquences !… — Et se ruiner, ruiner ses enfans ?… — Nous ne nous