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ces manières, le regardoit fixement en le questionnant. — Oui, reprit le comte, c’est une chose véritablement unique ! tu as fait en trois mois quinze mille francs de dettes, et j’ai découvert ce matin que je dois à-peu-près la même somme à mon tailleur, à mon cordonnier, à mon bijoutier, et cela vient sur tout de ma négligence à payer, à examiner les mémoires : quand on ne les reçoit qu’en masse, on n’y connoît plus rien, on est friponné sur les prix, et même sur la quantité, — Tiens, regarde ce mémoire de gilets, crois-tu que j’en aie eu cette énorme quantité ? — Ah ! c’est impossible ! C’est comme ma marchande de modes, qui me porte en compte mille chiffons que je n’ai jamais eus, j’en suis sûre. — Ce n’est pas tout, le cuisinier vient de m’apporter son livre, et le total, pour trois mois, se monte à neuf mille francs. — Quelle folie ! — C’est un fait. Pendant le temps que tu formois notre cuisinière de Valrive, tu as appris le prix des comestibles. Par plaisir jette les yeux sur ce livre. Tiens regarde ces articles : qu’en penses-tu ? — Ah ! quel