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une ame généreuse, qu’il est puissant l’empire de la douceur et de l’indulgence ! comme le cœur s’enchaîne et s’assujettit aux volontés d’un objet qu’on aime et qui nous admire ! quelle crainte on éprouve d’altérer son estime ! quand on n’a jamais vu dans ses yeux que l’expression de la tendresse, quelle idée terrible on se fait d’un regard sévère !… Époux et mères ! quel tort vous vous faites en prodiguant les sermons ! en multipliant les marques d’improbation, vous blasez sur le malheur de vous déplaire !…

Cependant Laure, malgré ses craintes, se décida courageusement à tout avouer à son mari ; elle aima mieux le fâcher que le tromper. Elle fut un matin le trouver dans son cabinet, et bien rouge, bien tremblante, elle fit sa confession avec une entière sincérité. — En vérité, s’écria le comte quand elle eut fini de parler, c’est unique : la nature en nous formant nous a jetés dans le même moule, c’est unique ! c’est unique !… et à chaque exclamation il embrassoit Laure avec transport. Laure, très-agréablement surprise de toutes