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On l’a déjà dit, Laure n’étoit point coquette ; elle aimoit, elle étoit sensible et spirituelle ; son mari, sans que jamais elle s’aperçût de ce dessein, ne négligeoit aucun moyen de former son cœur et sa raison, soit par la lecture et la conversation, soit par l’exemple ; il choisit, avec soin, toutes ses liaisons, et ne l’entoura que de femmes plus âgées qu’elle, et d’une excellente réputation. Laure se conduisit avec une décence et une pureté irréprochables ; mais sa jeunesse et son inexpérience avoient grand besoin d’une bonne leçon d’ordre et d’économie, elle la reçut. Ne comptant point, ne marchandant jamais, n’arrêtant aucun mémoire, ayant beaucoup de fantaisies, elle fut bien surprise et bien effrayée, lorsqu’au bout de trois mois, elle se trouva pour quinze mille francs de dettes. Comment annoncer à Hippolyte une telle folie ? Elle connoissoit toute la générosité d’Hippolyte, mais elle sentoit qu’il seroit justement irrité d’une semblable extravagance ; et comment supporteroit-elle le mécontentement d’Hippolyte ? Ah ! pour