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Hippolyte est un ange !… Le commandeur serra Laure dans ses bras : c’est vous, ma chère enfant, lui dit-il, c’est vous qui êtes un ange ! et Laure pleuroit de joie en recevant les tendres embrassemens de son vertueux oncle. — Sais-tu, ma chère amie, dit le comte à sa femme, que tout le monde te trouve embellie ? — Ah ! que je voudrois l’être à tes yeux !… — C’est une chose singulière ; mais il est certain que depuis que tu n’as plus d’impatiences, tu es infiniment plus jolie. — Réellement ? — Ah ! cela est certain : la colère gonfle les traits, enlumine le teint, rend les yeux hagards, et doit, à la longue, altérer la physionomie : la tienne est si charmante ! la douceur te sied si bien ! elle rend ton visage véritablement angélique !

Tous ces discours fortifioient, enflammoient Laure, et la mettoient à l’abri de toute rechute.

Laure, devenue solidement bien douce, bien égale, et, par conséquent, charmante, partit avec son mari, sur la fin de l’automne, pour retourner à Paris, après avoir passé six mois à la campagne.