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gloire ; je te devrai ces biens inestimables ! je te devrai le bonheur, et tu m’auras donné le caractère qui peut seul le rendre durable !

Après ce doux entretien, la bonté devint de l’enthousiasme dans le cœur de Laure. Le soir, en se couchant, elle fut non-seulement indulgente, mais caressante pour Perrette et Madeleine ; elle les combla de présens : ces deux filles transportées de joie et de reconnoissance, n’étant plus effrayées, ni même craintives, devinrent zélées, attentives ; Laure fut bientôt servie dans la perfection ; et au bout de quinze jours, elle déclara qu’elle s’attachoit à ces deux femmes-de-chambre, qu’elle aimoit d’autant plus qu’elle les avoit formées ; elle déclara qu’elle vouloit les garder, et elle écrivit au commandeur pour le prier de n’en point amener d’autres.

Les six semaines de tête-à-tête s’écoulèrent délicieusement : chacun jouissoit du plaisir de penser qu’il avoit eu l’art et le bonheur de corriger et de perfectionner l’objet d’un sentiment passionné ;